Les relations agents/élus en collectivité : l'équilibre fondamental

Une des spécificités des collectivités territoriales est cette gouvernance bicéphale politico/administrative.  Comment trouver le bon équilibre ?

 

 Si l'organisation peut être différente d'une collectivité à une autre en raison d'une multitude d'éléments (taille, historique, compétences...), la répartition des rôles reste la même :

 Si cela peut paraître logique, cette configuration est loin d'être évidente. Bon nombre de situations conflictuelles ou inefficaces naissent d'une intervention régulière d'un élu dans un service, le plus souvent pourvu de bonnes intentions, mais suceptible de brouiller la stratégie managériale mise en place et d'initier des relations officieuses néfastes à l'organisation et à la communication. A l'inverse, les agents se positionnant sur le plan politique brouillent le message des élus, endossant leur rôle en tant que représentant de la collectivité au risque de prendre des décisions qui ne leur appartiennent pas ou de donner une image de la collectivité qui ne corresponde pas à la volonté politique. Ils risquent d'autre part un manquement à leur devoir de réserve.

 

Tous ces comportements créent des situations confuses qui ne peuvent être que sources d'ennuis.

 

Or, il s'avère au contraire intéressant que l'ensemble des protagonistes, agents et élus, se retrouvent et partagent leurs points de vue. J'ajouterai même que cela parait essentiel car c'est cette multitude de profils et cette complémentarité d'expériences qui font la richesse des collectivités territoriales. Mais si l'on veut en tirer correctement parti, il est nécessaire de démarrer sur des bases saines.

 

L'équilibre se fait en deux points. Le premier se joue entre le Maire/Président et son DGS. Il doit exister une réelle confiance mutuelle et un accord dans le partage des rôles de chaque sphère, pour que l'un et l'autre puissent, à leur niveau respectif, impulser la stratégie et procéder aux recalages nécessaires le cas échéant. 

Le deuxième point d'équilibre se trouve dans la relation adjoint/vice-président et agent référent. Chacun de ces binômes doit trouver ses propres modalités de travail : le rythme (hebdomadaire, mensuel...), présenciel ou distanciel, oral ou écrit... Selon le domaine d'action, la recette sera diffénte. Rappelons au passage que malgré les possibles délégations de fonctions conférées aux adjoints (aux Vices-Présidents), le Maire (le Président) reste seul en charge de l'administration, les délégations s'opérant "sous sa surveillance et sa responsabilité" (articles L.2122-18 et L.5211-9 du Code Général des Collectivités Territoriales).

 

Le DGS est garant de cet équilibre. Il est chargé de rappeler le cadre défini et/ou de proposer immédiatement une mesure d'amélioration afin d'adapter le système et le faire évoluer. Il parait important que les grains de sable empêchant toute communication soient évacués au fur et à mesure afin d'éviter l'accumulation de situations propices à un déséquilibre général.

 

Ce fonctionnement en complémentarité, fort des richesses que porte chaque individu du fait de son expérience, de sa formation, de son éducation, me parait être le plus prolifique pour donner un maximum de chance aussi bien au projet politique qu'au projet d'administration.

 

Enfin, il n'y a pas de raison de le vivre comme une perte de pouvoir ! Chacun garde sa responsabilité dans le cadre des rôles décrits ci-dessus. Les élus ne perdent rien à leur pouvoir décisionnel. Bien au contraire, ils sont guidés dans cette tâche par leur binôme et ces derniers sont ainsi davantage reconnus pour leur expertise et leurs précieux conseils. La phase la plus difficile est la mise en place des binômes de travail en début de mandat ou en cas de changement, car il s'agit de mettre en avant un lien de confiance avec toute la subtilité que cela demande en fonction des personnalités et des attentes de chacun. Mais au final, nous avons tout à gagner à diffuser une parole unique issue d'un travail commun.

 

Cet équilibre est le prémice du fameux management transversal que nous souhaitons mettre en place dans les collectivités territoriales. En premier lieu, c'est aux élus et aux cadres de travailler ensemble pour insuffler une dynamique de travail transversale constructive. Il ne me semble pas possible de demander aux équipes d'évoluer en interservice sans l'exemple de leur hiérarchie.

 

Une fois cet équilibre installé, le collectif va pouvoir prendre toute sa place.

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Commentaires: 1
  • #1

    Philippet Sophie (mardi, 21 novembre 2023)

    Malheureusement la réalité est tout autre.
    Pour ma part, il y a clairement un positionnement anormal des élus. Ils se mélangent aux agents physiquement car leurs bureaux sont au sein des services, ils se considèrent comme responsables hiérarchiques, les cadres deviennent exécutants ou sont évincés, ils s'accaparent des missions sous couvert de leurs délégations. Plusieurs actions ont été initiées pour dénoncer, alerter et signaler la souffrance au travail. Rien ne change et rien ne changera.