La Maitrise Personnelle dans une collectivité apprenante

La maîtrise personnelle est un travail individuel consistant à développer sa posture d’apprenant. En développant une vision qui nous est propre et en étant lucide vis-à-vis de la réalité de notre quotidien, nous développons une « tension créatrice » - écart entre vision et réalité - qui nous maintient dans cette posture. Aussi, notre vision personnelle est revue en permanence afin de ne pas quitter cette posture d’apprenant. L’idée est d’être dans un apprentissage permanent. En outre, l'objectif n'est pas une fin en soit.  Ce qui compte est la tension créatrice générée en le confrontant avec la réalité.

 

Avantages de la discipline :

Avoir une idée concrète de la réalité permet aux individus d'évaluer leur pratique quotidienne, de savoir où en est l’organisation dans laquelle ils évoluent, et de mesurer la pertinence de leur positionnent. Fort de cette analyse et dans un second temps, travailler sur sa vision personnelle permet de donner ou redonner un sens à son travail.

Ainsi, savoir se situer dans l’organisation, créer une vision en concordance avec ses valeurs, générer une tension créatrice donnant du sens , tous ces éléments favoriseront la motivation intrinsèque (Herzberg, 1971) nécessaire au bien-être de l’agent au travail. Cette démarche permet aussi de se détacher de l'affect en objectivant la réalité et sa vision.

La maitrise personnelle peut donner envie d'élargir cette méthode d'apprentissage au niveau collectif et prédisposera naturellement les membres du collectif à l'état d'esprit et aux méthodes de l'apprenance.

 

Comment faire ?

Il s’agit dans un premier temps de jauger la situation actuelle en commençant peut-être par ses missions, puis son service, pourquoi pas sa collectivité, le territoire. Cela dépend de son poste et de son rayon d'action. Et ceci, en regard de la satisfaction des usagers, des exigences règlementaires actuelles, du projet de mandat...  L'idée et de situer la pertinence de l’action et sa propre place dans l'action. Cette analyse de l'instant présent constitue en soit une première phase d’apprenance. Chacun disposera alors de la prise de recul nécessaire pour se situer ou se resituer dans l'action, dans ses missions, dans l’organisation, vis à vis de ses compétences, de ses valeurs, de son poste, de ses objectifs, etc.

Il est possible de saisir l'opportunité de devoir réaliser un diagnostic imposé par des partenaires pour s'en servir également à cette fin. La coordination des politiques éducatives nous amène par exemple à réaliser assez régulièrement des états des lieux.

Il ne me parait pas non plus incongru d'utiliser des outils de contrôle de gestion comme les tableaux de bords d'activité, permettant d'obtenir un diagnostic instantané et régulier, mais attention, seulement si l'analyse des chiffres se fait au regard du contexte ! 

Dans un second temps, je dois me poser où je dois amener mon collaborateur à se poser les questions suivantes : quelle vision je décide d'avoir de l'organisation et quelle vision j'ai de moi dans cette organisation d'ici 6 mois, 1 an, 2 ans... ?

Le fait d’avoir réalisé un état des lieux permettra de faire en sorte d’aboutir à une vision réaliste. Néanmoins, cette vision - qui n'a pas vocation a être partagée - sera sans censure pour permettre à chacun de s'engager sur un chemin qui corresponde à ses propres valeurs.

Enfin, au travers de la tension créatrice résultante de ce rapport entre vision et réalité, l’individu va pouvoir dessiner ou redessiner son cheminement personnel.

 

Il s'agit d'aller :

- De ce que je suis vers ce que je voudrais être

- De là où je suis vers là où je voudrais être

- De ce que je fais vers ce que je voudrais faire

- De comment je fais vers comment je voudrais faire

- etc...

 

Pour celà, je peux :

- Développer de nouvelles compétences

- Renforcer mon plan de carrière

- Négocier un nouveau poste

- Revoir ou créer un processus

- Clarifier mon positionnement au sein de l'équipe

- Proposer de nouveaux services, de nouvelles actions innovantes

- Requestionner mes valeurs

- etc...

  

Points de vigilance :

L’écart entre la vision et la réalité doit être suffisamment grand pour générer une tension créatrice motivante mais suffisamment réduite pour la rendre réaliste, assurer la cohérence entre vision et réalité et la conservation des valeurs. Si l’écart est trop grand, l’agent risque de ne plus se reconnaitre dans sa vision et de se perdre dans le chemin permettant de la rejoindre. Cela peut conduire à une perte d’estime de soi, de sens, de son identité professionnelle et parfois personnelle. Le risque est donc de générer des risques psychosociaux là où l’objectif est justement de favoriser le bien-être.

 

Quel management pour la maîtrise personnelle ?

Pour favoriser la mise en place de cette discipline, le management devra permettre à moi et à mes collaborateurs :

- De réaliser de manière simple et permanente un état des lieux nécessaire à la prise de recul de chacun

- D'obtenir/de développer les outils permettant de créer/revoir sa vision individuelle (grilles d'analyse et de questionnement...)

- D'avoir accès à la formation et à la mobilité,

- De bénéficier de l’autonomie nécessaire permettant à chacun de construire son chemin dans la direction fixée par sa tension créatrice

- D'être écouté et accompagné pour l'ensemble de la démarche

 

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